beautiful drama (vic)

beautiful drama

T’adorais ton métier. Écrire, de toute façon, ça avait toujours été une de tes passions, un échappatoire. Toute petite, tu tenais un journal intime, où tu décrivais tes moindres pensées, tes moindres émotions. Et plus grande, tu gribouillais des feuilles quand t’allais mal, quand t’avais mal. Ca te faisait du bien. Ce que tu écrivais aujourd’hui, pour le Life Style Magasine, bien sûr, ça n’avait rien à voir avec tes états d’âme – mais tu écrivais pour toutes ces femmes, pour qu’elles se sentent belles, bien dans leur peau, avec de beaux vêtements, du beau maquillage. Tu adorais chercher de nouvelles tendances, essayer d’illuminer la beauté de chaque femme. T’adorais proposer plusieurs tenues selon chaque morphologie – tu ne voulais pas être de ces journalistes qui ne parlent que des tailles mannequins, 1m80 et taille 34 – même si toi, t’étais un peu comme ça. Te mettre en valeur, c’est sans doute ce que tu savais faire de mieux, en tout cas, c’est ce qu’on t’avait toujours dit. Les hommes te le disaient sans cesse, t’étais belle, t’étais bonne … c’était tout. Comme celui que t’avais rencontré il y a quelques jours tiens, dans un bar. Ton mari n’était pas rentré ce soir là, t’en avais marre de l’attendre, t’avais voulu sortir. Ca ne partait pas d’une mauvaise intention – mais plutôt d’une envie d’avoir de la compagnie, de te sentir vivante, exister. Et puis y’avait eu ce mec, tu sais même plus s’il t’a dit son nom – ou si c’était le vrai d’ailleurs. Il t’a raconté tout un tas de trucs sur sa vie, qui était sans doute faux – parce que c’était sans doute juste pour te plaire, sans doute juste pour t’avoir. Bref. Tu rigolais avec lui, vous aviez fini par vous embrasser – bien sur, il avait envie d’aller plus loin. Sans doute qu’au fond, toi aussi. Puis t’as croisé le regard de Vic dans le bar. Ca t’a fait comme un électrochoc, ça t’a rappelé que t’étais pas spécialement discrète, et que pourtant, tout le monde savait bien que t’étais mariée. Du coup t’as laissé le mec planté là, et t’es rentrée chez toi. T’as retrouvé ton mari qui venait à peine de revenir, qui se demandait où tu étais. Avec des copines, t’as dit. En fait, t’étais complètement paumée.
Quand t’allais voir Vic ce jour là, alors, pour votre petit rendez vous mensuel où elle te présentait les nouvelles tendances et pièces de son magasin, tu craignais un peu des questions qu’elle pourrait te poser. Tu adorais Vic, vous étiez proche – mais tu ne lui avais jamais laissé entendre que t’étais perdue, pas forcément des plus heureuse avec ton mari, torturée par la vie. « Ma beauté, tu vas bien ? » Tu l’embrasses sur les deux jours après être entrée dans son magasin. Tu connais par cœur, depuis que tu viens ici régulièrement. « J’ai tellement hâte de faire découvrir la nouvelle collection à mes lecteurs. J’suis certaine que tu vas me montrer des petites merveilles. Puis j’espère que ça va sentir l’été, la chaleur tout ça, tout le monde en demande en ce moment. » Tu souris. La chaleur. Ouais, c’est peut être ce que tu cherchais, dans ce bar, l’autre soir, la chaleur humaine, la chaleur d’un homme contre toi. Tu faisais comme si de rien était mais tu te doutais bien que les questions arriveraient.

@Vic Mendoza

Vic raccroche le téléphone fixe du bureau, se laisse tomber sur la chaise. Cette dernière est aussi confortable que promis par le vendeur, qu’elle avait soupçonné de n’être qu’un (très) bon commercial. La jeune femme tend ses bras, fait glisser ses mains sur ceux de la chaise, ils sont particulièrement doux. Elle jette un coup d’oeil à l’horloge qui se situe juste au dessus de son espace de travail, il lui reste une trentaine de minutes avant que son rendez-vous de la journée ne fasse son apparition. Vic s’empare de son téléphone portable qu’elle déverrouille à l’aide de son index, fait défiler les pages de ses réseaux sociaux, sans grande conviction. A l’extérieur, le magasin est calme et rangé; il faut dire qu’en pleine semaine et aux heures creuses, il n’y a pas foule. Le matin-même, elle s’est occupée de contacter des fournisseurs, repasser commande, vérifier les stocks et ré-organiser les vitrines à l’aide ses vendeurs. Cet après-midi est réservé aux relations presse, c’est la raison pour laquelle Vic attend Lolita. Une superbe rencontre, le genre auquel on ne s’attend pas forcément, mais qui marque positivement. Vic fermer la pièce à clé, descend les escaliers qui conduisent à la boutique; elle fait signes et clins d’oeil à ses employés, salue les quelques clients qui ont plus l’air de faire du repérage qu’autre chose. En professionnelle perfectionniste, elle ne peut s’empêcher de replacer quelques pièces cintrées, de replier des jeans qui n’en ont pas forcément besoin. Son timing semble être bon, puisqu’elle aperçoit son hôte qui fait son entrée dans le magasin. Vic esquisse un sourit. « Ca va, ça va. Et toi, la plus belle? » La jeune femme l’invite à la suivre dans un coin légèrement plus isolé. Vic hoche la tête, mais se souvient soudainement d’une soirée qui date de quelques jours à peine. Elle, était sortie avec les chicas, et était persuadée, sur le coup d’avoir aperçu Lolita en compagnie d’un homme. Un homme qui, d’après les photos qu’elle lui avait montré, n’était pas son mari; et les deux jeunes gens avaient l’air trop proches pour n’être que de simples amis. Sur le coup, elle était restée un peu interloquée, elle était confuse et pas certaine de comment réagir. Alors Vic avait choisi de ne rien faire, et quelques minutes après, sa nouvelle amie avait tout bonnement disparu. La jeune femme reprend ses esprits, acquiesce. « Je pense qu’ils ne seront pas déçus. On a pas mal d’imitations de grandes marques, particulièrement cette saison. Tu préfères commencer par où.. Robes, chaussures? Le fleuri, ou le wannabe Hermès? » Vic désigne les différentes sections du doigt, avant que son attention ne se reporte sur Lola, elle garde ses possibles interrogations pour elle. Après-tout, ce qu’elle fait de sa vie ne la regarde pas. Si?

@Lolita Grey

beautiful drama

C’est ce que t’adores dans ton métier, les relations avec les autres, les rencontres qu’on peut faire. Tu aimais beaucoup rencontrer de nouveaux visages, connaître de nouvelles personnes avec qui la mode était une passion commune. C’est vrai que tu avais toujours aimé les belles choses, les beaux vêtements. Avant d’être avec alex, la mode était une passion presque inatteignable, car tu n’avais pas le budget pour passer tes journées dans les magasins, ou acheter des vêtements de luxe. Aujourd’hui, avec l’argent que ton mari partageait avec toi, tout paraissait tellement plus accessible, et plus simple. Tu ne te posais plus de questions en voyant les prix exorbitant des articles. C’était un des avantages à être marié avec Alexander, et tu aurais sans doute beaucoup de mal à t’en passer, même si c’était surtout la passion qui primait pour toi et avec Alex … il y en avait peu. Sans doute pour ça que t’allais chercher de la passion dans d’autres bras. Même si y’en aurait jamais autant qu’avec ton ex. qui t’avais totalement détruite, sois dit en passant. Est-ce que la passion chez toi rimait alors toujours avec destruction, intimidation ? tu rentres dans le magasin de Vic et ça te fait penser à autre chose. Tu es heureuse de la retrouver là. Tu l’envies quelque part, parce qu’elle a réussi toute seule à devenir gérante de la boutique, elle n’a pas eu besoin –comme toi- de quelqu’un pour te pistonner, te trouver un travail. « ça va … ça va. » tu dis doucement, parce que tu vois dans ses yeux qu’elle pense à ce qu’elle a vu, l’autre soir. Comment ne pas y penser, d’un autre côté ? tu aurais sans doute eu les mêmes interrogations dans le sens contraire. Mais qu’est ce que tu pouvais bien lui dire, au juste ? toi-même tu sais pas, ce que tu foutais. Tu savais pas pourquoi tu risquais de tout envoyer en l’air avec alex alors que tout allait bien avec lui, qu’il t’aimait, te respectait, était fidèle … tout ce que tu n’avais jamais eu. Puis riche, ambitieux … un peu trop, peut être, un peu trop jamais là. « le fleuri, je vais faire un grand article là-dessus je pense, un dossier complet pour présenter les plus belles pièces que j’aurai trouvé un peu partout, et pour tout budget. J’adore cette tendance. Ça se voit, non ? » t’avais sur toi une robe longue fleurie, aujourd’hui alors ça te faisait sourire. C’était frais, gai, tellement féminin, t’adorais ça. T’étais certaine qu’il y aurait de jolies pièces, tu en voyais déjà, d’ailleurs, en jetant simplement un coup d’œil dans le magasin. « tu sais pour l’autre jour, je … » tu te voyais mal travailler avec elle toute l’après midi, papoter de vêtements comme si de rien était, alors que tu savais qu’elle savait, justement. Enfin qu’elle avait vu quelque chose qui ressemblait plus ou moins à du flirt, à de la tromperie. Quelque part, tu te sentais salie. T’avais l’impression d’être une garce. Tout le monde savait que t’étais mariée, alors à quoi tu jouais ? ton mari lui-même deviendrai sans doute fou en l’apprenant quoi que … tu savais même pas comment il réagirait. Et même devant une amie, devant Vic, tu savais pas par quoi commencer. « C’est un peu compliqué. » tu finis par dire en soupirant. Parce que tu savais pas vraiment quoi dire d’autres. Parce qu’assumer que tu trompais ton mari, c’était un peu comme te mettre une sale étiquette sur ton front. T’étais rarement confrontée à ce genre de situations, à une amie qui découvrait en quelque sorte ton secret. Et tu savais pas vraiment ce que ça allait donner.

@Vic Mendoza