relax. (ike)

RELAX.
IKE
* * *
Il est important (tu en es persuadée) dans la vie d'entrepreneur.se de savoir lâcher prise. Déconnecter. T'as pas la moitié des pièces que tu as mis en ligne sur le site ? C'est pas grave. Tu viens de te friter la gueule avec ton associé.e parce que le business model ne lui semble plus convainquant alors que vous êtes parti sur un nouveau business model hier ? C'est pas grave. T'as déjà bouffé la moitié des tunes que tu as mis un an à lever et tu n'as toujours pas réalisé l'objectif principal pour lequel tu as décidé de lever des fonds ? C'est pas grave. En fait, si, c'est très grave, mais pleurer pendant une demi-heure en boule dans ton lit ne résoudra pas tes problèmes, essayer de les résoudre alors que le monde entier est en week-end ne t'aidera pas non plus. Alors déconnecte pour la soirée, fais autre chose et remets les pieds dans le plat après. Ce sera certainement plus bénéfique, moins casse-gueule et de faire autre chose te permettra peut-être d'ouvrir tes chakras.

Pour suivre tes propres conseils, il n'a même pas fallu que tu te mettes un coup de pied au cul. Un simple sms arrivé au bon moment t'as permis de sauter sur l'occasion. Concert au Mars à 22h, dispo ? Ni une, ni deux, ton mac est venu se glisser dans sa pochette, tes clefs de voitures se sont retrouvés dans ta main et après un rapide "Bon week-end !" et sans laisser le temps à qui que ce soit de t'arracher à ton élan avec une question, une réunion à fixer ou une demande quelconque, tu claques la porte des escaliers pour éviter que quelqu'un te chope pendant que tu attends patiemment l'ascenseur à ton étage. De toutes façons, il est dix neuf heures et ce serait pas mal que les autres pensent aussi à prendre des week-ends. Tu descends quelques marches et appelle l'ascenseur à l'étage du dessous.

À vingt-deux heures, tu as fait tout ce que tu avais à faire pour pouvoir te libérer. Mabel est restée chez sa babysitter, qui n'a pas bronché une seule seconde à l'idée de la garder plusieurs heures de plus voire la nuit entière. Tu dois tellement à ta babysitter qu'elle pourrait te demander la lune : tu essaierais de la décrocher pour elle. Tu es juste passée faire un coucou à ta fille avant de te sauver, de passer chez toi pour te doucher, manger sur le pouce et te préparer. C'est donc à vingt-deux heures et cinq minutes (t'es toujours à la bourre pour ta vie perso de toutes façons) que tu entres au Mars en cherchant la tête blonde d'Ike, que tu trouves assez facilement et vers laquelle tu t'avances. Moment de doute, gênant, où tu ne sais pas comment tu es censé te comporter. L'embrasser, le saluer de loin, lui serrer la main (what?) mais ça te passe par la tête. "Salut ! Merci de m'avoir invité.", c'est ce que tu lances pour mettre fin à un moment qui te semble beaucoup trop gênant pour lui comme pour toi. "Tu m'as sauvé d'une soirée de prise de tête, si tu savais...", t'y pense d'ailleurs, à ces prises de tête. Mais tu les chasses de ton esprit en concluant : "Mais clairement, j'ai même pas envie de t'en parler. Moi ça m'emmerde alors ça emmerde les autres aussi.", non, les autres n'ont pas le choix. Ça les emmerde, point. Pas la peine d'en discuter.

@Belle Lyon
T'as pas mal bossé cet aprèm, mais t'étais sur le terrain plutôt que chez toi à ton bureau et c'est ce que t'aimes le plus. On t'a proposé de t'occuper d'un beau projet : rénover totalement un ancien entrepôt pour en faire un nouveau lieu de rencontre, de culture, et surtout : de bouffe. L'idée t'emballe. Tu connais bien les deux mecs qui se lancent dans ce projet fou et t'as aucun doute sur le fait que ça va être incroyable mais vous avez pas mal de pain sur la planche. T'as passé ta journée avec eux à prendre des mesures et à discuter de ce qu'ils voulaient, de l'atmosphère dont ils veulent imprégner ce lieu, des couleurs, du budget et d'un tas d'autres détails. Vous avez bu une bière puis t'es parti, t'as envoyé un message à Belle. ' Concert au Mars à 22h, dispo ? ' t'as hésité quelques secondes avant de l'envoyer puis finalement tu t'es dit que ce serait l'occasion pour la revoir. T'es pas vraiment du genre à te prendre la tête, et t'es pas non plus le genre à trop insister, t'as pas vraiment le temps pour ça alors tu verras bien si elle décide ou non de venir. En tout cas, tu sais qu'elle te plaît bien malgré qu'elle ait l'âge de ta soeur. Elle est probablement plus mature.
T'arrives au Mars direct après ta journée à l'entrepôt, t'es pas mal inspiré et t'es de bonne humeur, comme souvent. Tu vas te prendre une bière, tu discutes avec le barman, puis avec le patron que tu connais bien. Il est à peine plus vieux que toi. T'aimes cet endroit et l'ambiance qui y règne. Le groupe s'installe. T'as écouté rapidement ce qu'ils font sur Youtube pendant la journée, c'est de la funk et ça bouge, ça danse, c'est good vibes, t'as hâte d'entendre ça en direct.
Quand Belle arrive t'as aucune idée de l'heure qu'il est mais le concert va bientôt commencer. T'as encore aucune idée d'où t'as foutu ta veste.
- Salut ! Merci de m'avoir invité, fait-elle.
Tu lui adresses un léger sourire avant de lui faire une révérence théâtrale.
- C'est un plaisir, mademoiselle, tu réponds.
- Tu m'as sauvé d'une soirée de prise de tête, si tu savais... Mais clairement, j'ai même pas envie de t'en parler. Moi ça m'emmerde alors ça emmerde les autres aussi.
Tu roules des yeux et tu passes ton bras autour de ses épaules pour l'attirer près du bar.
- Ca ira mieux avec un verre, j'espère que tu vas aimer le groupe qui joue, mais normalement... tu devrais aimer, c'est plutôt cool.
Le barman arrive, il te sert déjà une nouvelle bière et il regarde Belle dans l'attente qu'elle commande. T'as retiré entre temps ton bras de ses épaules, t'as pas l'intention d'être trop envahissant ni trop tactile. Tu jettes un coup d'oeil vers la scène avant de retourner les yeux vers elle.
- T'as passé une journée terrible ? J'ai faillit passer au 555 ce matin, on se serait croisé, mais finalement on m'a donné rendez-vous ailleurs et c'était bien mieux. L'angoisse ces grattes-ciels.
Quand le barman l'a servi tu lui fais signe de te suivre et t'essayes de retrouver la table où t'as posé ta veste. Tu sais que c'était pas très loin de la scène. Tu passes entre les gens qui commencent à s'entasser et tu finis par retrouver cette foutue table. Mais deux nanas se sont installées.
- Merde, j'avais mis ma veste pour garder la table mais je me suis pas fait respecter.
Ca te fait un peu marrer, mais ça te dérange pas trop de rester debout, t'attends juste de voir ce qu'elle préfère. Si elle a passé une dure journée elle préfère ptete prendre une place tranquille.

RELAX.
IKE
* * *
Tu espères que cette soirée sera la bouffée d'air frais dont tu as besoin dans cette journée de merde. Oublier tes problèmes cinq minutes, prendre un peu de plaisir et passer à autre chose, c'est tout ce dont tu as besoin actuellement. Et devant la courbette théâtrale d'Ike, tu n'as plus de doutes : ta journée est entrain de s'égayer. Ça te fait marrer, et c'est déjà bon signe. "Et il fait quoi comme type de musique ce fameux groupe ?" demandes-tu alors que tu te diriges vers le bar sous l'impulsion d'Ike. Tu commandes un Girly Cosmo. Tu commences fort, mais il faut que tu puisses tirer un trait sur ta journée pour pouvoir profiter de ta soirée. Et puis tu n'aimes pas la bière, en fait. T'es quand même une princesse blonde. Une princesse blonde qui se prend pour une rebelle, parfois. Mais une princesse blonde quand même.

Il a failli passer au 555 ce matin, dit-il. "Je te confirme, c'est bien mieux que tu ne sois pas passé. Cette journée a été un désastre, et je ne veux pas que tu puisses me voir dans l'état dans lequel j'étais aujourd'hui.", tu lâches. Oui, le regard qu'il porte sur toi est très important à tes yeux. C'est certainement con, mais c'est comme ça. "Du coup, t'as fait quoi ?" tu demandes, un sourire sur les lèvres alors que le barman te file ta commande. Putain, tu regrettes déjà, ça va être hyper relou de pas en renverser : c'est une coupe à champagne qui accueille ton breuvage. Après avoir bu une première gorgée (histoire d'être sûre de ne pas en renverser), tu suis Ike à travers la foule en scandant des "pardon", "attention". Il s'arrête devant une table où deux filles boivent leur boisson en papotant. Il se tourne vers toi, te lâches une phrase qui te fait rire et tu lâches "C'est pas grave, on peut certainement se trouver une autre table.". T'es moyen chaude pour rester debout tant que le contenu de ton verre ne sera pas sécurisé au fin fond de ton estomac. Une fois que t'auras opté pour quelque chose de moins compliqué à boire, tu pourras passer la soirée debout sans problème. Ton regard balaye les zones que l'amas de personne te laisse apercevoir, et tu finis par tomber sur une table, un peu à l'écart. "J'ai." dis-tu avant de foncer en reprenant ton bal de "pardon". Tu poses ton verre sur la table avec un regard triomphant et tu t'assois avant de porter à nouveau ton verre à tes lèvres. Le concert va commencer et l'impatience des personnes qui suivent fidèlement le groupe est palpable. Pour toi, ils sont d'illustres inconnus, mais tu espères faire une jolie découverte grâce à Ike. "T'as l'air d'avoir pas mal de projets en ce moment, comment tu t'en sors avec tout ça ?" tu imagines qu'il s'en sort plutôt bien, puisqu'il est là, frais et souriant, alors que tu es anxieuse, et crispée. "T'as un projet bien à toi ? Quelque chose qui ne dépend que de toi et pour lequel tu n'es pas missionné ?", tu demandes. Vous ne vous connaissez pas tant que ça, et tu as pleins de choses à apprendre à propos de lui, comme lui a beaucoup à apprendre à propos de toi.

Belle, on a du lui dire beaucoup trop souvent, elle porte bien son prénom. Tu revois sans mal son corps se dessiner dans ton imagination, plus réel qu'imaginaire cela dit, tu le vois même presque sous ses vêtements que tu lui retirerais bien dans la minute si vous n'étiez pas entouré d'une cinquantaine de personnes. Alors que vous vous avancez vers le bar, elle te questionne sur le groupe de musique qui va jouer :
- Et il fait quoi comme type de musique ce fameux groupe ?
- De la funk, c'est plutôt cool, ça bouge pas mal !
T'es pas forcément un grand danseur mais on peut dire qu'à force de nuits endiablées tu te débrouilles pas trop mal. Et puis la Funk, ça se danse un peu n'importe comment, suffit de laisser parler son corps et de suivre le rythme. C'est ça qui est cool.
Elle te raconte brièvement sa journée, apparemment éreintante vue ce qu'elle n'arrête pas d'en dire. Toi tu t'en fous pas mal de la voir fatiguée, au bout de sa vie ou respirant la fraîcheur, t'es pas trop le genre à juger les gens là-dessus, mais ça semble pas mal féminin comme réaction. Tu relèves pas vraiment.
Vous quittez le bar quand elle a récupéré son verre, toi t'es avec ta pinte de Guinness, la mousse épaisse, la bière noire, t'as toujours bien aimé cette irlandaise là. La classique.
- Du coup, t'as fait quoi ? qu'elle te demande finalement,
- Oh bah pas mal de trucs... J'vais te raconter. tu réponds en t'éloignant du bar.
Tu récupères quand même ta veste sur la table qu'on t'a piqué non sans adresser un sourire railleur aux nanas qui s'y sont installées. Ces pétasses. Et finalement Belle trouve une table, alors tu la suis, et tu t'assois en face d'elle.
- T'as l'air d'avoir pas mal de projets en ce moment, comment tu t'en sors avec tout ça ?
- Je regarde jamais l'heure, ça doit être ça... tu te railles un peu toi-même, toi celui à qui on reproche tant d'être en retard. Tu roules un peu des yeux face à ta propre moquerie.
- T'as un projet bien à toi ? Quelque chose qui ne dépend que de toi et pour lequel tu n'es pas missionné ?
Tu prends un instant pour boire une longue gorgée de Guinness puis tu réponds :
- Cet après-midi j'étais dans un entrepôt avec deux types, ils veulent lancer un espèce d'immense food court où t'aurais des dizaines de stands, de food trucks, etc... dans une ambiance plutôt sympa, mélange d'industriel et de vintage, tu vois le genre, avec des plantes un peu partout, etc... Y aurait également un espace plus "soirées" où ils organiseraient des concerts, etc.. Bref, super cool, alors on a bossé là-dessus cet aprèm et ça s'annonce plutôt excitant !
Tu lui racontes, on voit que ça t'emballe, t'as fait de grand geste pendant ton récit, t'étais là entrain de mimer les plantes grimpantes et l'activité grouillonnante de ce futur lieu incontournable de la vie Californienne. Tu reprends une gorgée avant d'ajouter :
- J'ai acheté récemment, un grand appart, celui où t'es venue, en fait... J'ai cassé pas mal de murs pour en faire un loft que je suis entrain de rénover, t'as du voir que c'était encore pas mal en travaux. Y a plusieurs chambres et pour l'instant j'en loue une à une étudiante plutôt sympa, qui étudie l'art, et je pense louer les autres aussi pour faire une grosse coloc de gens un peu... bizarres.
Ca te fait sourire, tu te considères toi-même comme un peu bizarre, mais t'aimes les gens bizarres, c'est un compliment sortant de ta bouche, t'as jamais aimé le plan-plan, le conformiste et le banal. T'aimes les gens qui cassent les codes.
- Ca me prend pas mal de temps... Et d'argent, aussi, j'avoue, mais ça vaut le coup, je crois que c'est le rêve pour un architecte de pouvoir refaire totalement son appart donc on verra ce que ça donne...
Tu rebois de ta bière et jette un coup d'oeil vers la scène. Les musiciens en sont encore aux derniers réglages.
- T'es sûre que tu veux pas vider ton sac une bonne fois pour toute et raconter ton horrible journée ? Je te promets de hocher la tête d'un air compatissant, tu dis finalement, taquin.

RELAX.
IKE
* * *
Tu souris lorsqu'il t'annonce que le groupe est un groupe de funk. Tu aimes bien ce style de musique, ça bouge et c'est vraiment sympa à écouter. Vous finissez par vous trouver une table et vous asseoir, tu poses des questions. Oui, tu es intéressée par ce qu'il fait. Et puis vous appartenez plus ou moins au même monde, lui est entrepreneur aussi, c'est juste qu'il ne se contente pas d'un seul projet. Non, Ike il est sur tous les fronts en même temps d'après ce que tu as compris. Tu ris face à sa blague, tu connais bien ce sentiment de ne jamais compter les heures. "Si tu savais comme je comprends...", tu lâches dans un sourire amusé avant qu'il n'enchaine sur sa journée. Il t'explique le concept de ces deux mecs, qui ont apparemment un beau projet. Tu plisses les yeux en écoutant les moindres détails du projet. Des plantes, de la bouffe, un esprit industriel, ça te plait bien tout ça. En tous cas, l'image que tu t'en fais est vraiment sympa. "Hm, tu me donnes envie de voir ça là ! C'est prévu pour quand l'ouverture ? Je ne sais pas s'ils ont déjà une date prévue ?" Parce que tu veux être à l'inauguration, tu es déjà convaincue par ce concept et l'ambiance qui régnera dans les lieux. "J'espère que j'aurai une invitation pour venir voir ça lorsque le projet aboutira. Que je puisse enfin mesurer l'étendu de tes talents." tu glisses, avant de lui lancer un petit clin d'oeil. T'as vraiment envie d'en savoir plus, après tout ce mec, tu ne le connais pas plus que ça et tu ne l'as pas tant vu que ça. Mais vous avez un truc, un feeling, quelque chose qui passe entre vous. La science dirait que c'est certainement une histoire d'odeurs corporelles, mais tu penses que c'est plutôt une histoire de passion commune et de sex appeal. Oui, y'a de ça. Ike est plutôt (très) beau gosse, totalement ton genre : blond, les cheveux longs, hipster et des projets plein la tête. En plus de ça, il a pas le temps, et toi non plus. Ça vous fait un point commun supplémentaire et quelque chose qui vous rapproche et vous éloigne à la fois. D'un côté, il semble être le partenaire presque idéal : il comprend tes préoccupations, comprend ton mode de vie, comprend que tu n'as pas forcément le temps de lui accorder toute l'attention qu'il pourrait potentiellement demander. D'un autre côté, vous êtes tous les deux indépendants, avec des sociétés à gérer et qui dépendent énormément de vous, vous êtes constamment au four et au moulin, et avez pleins de problèmes à régler chacun de votre côté. Alors tu le prends comme il est et tu acceptes et préfères une relation comme la vôtre. Pas d'attaches, un bon feeling et le peu de temps qui vous est imparti. Vous verrez bien. En attendant, tu préfères te prendre la tête sur ton business que sur une potentielle histoire, tu préfères ne pas te faire de film. Son regard te fait dire qu'il t'apprécie et qu'il te trouve jolie. Tu t'en accommodes très bien, c'est suffisant à tes yeux. Tu n'as pas besoin de plus, pas besoin d'engagement, pas besoin de relation, pas besoin de te prendre la tête. Et tu te doutes que c'est tout ce qui le ferait fuir. En tous cas, c'est comme ça que tu imagines la personne en face de toi, qui te parle de son appartement qu'il rénove actuellement.

Tout en l'écoutant, tu portes ton verre à tes lèvres et savoure ton cocktail. Il te parle de cette fille, qui est maintenant sa coloc, des coûts liés aux travaux dans l'appartement mais aussi que rénover cet appartement représente quelque chose de fort pour lui. Tu souris lorsque tu entends sa réflexion. "Je comprends, et puis c'est un appartement à ton image. C'est une trace plus personnelle que tu laisses dans ce monde !", c'est le but inavoué et inconscient de tout à chacun après tout... laisser quelque chose derrière soi. Mais Ike a encore le temps de penser à ça, tu l'espères de tout coeur en tous cas. "C'est bien que tu aies aussi ton propre projet. Je trouve ça très important.", tu lances dans un nouveau sourire. "Même si tes autres projets ont du sens, celui-ci résonne plus particulièrement j'imagine." tu continues, comme pour te justifier. Et puis c'est plutôt cool qu'il souhaite en faire bénéficier d'autres personnes, c'est pas si évident de cohabiter avec des inconnus, encore moins dans l'appartement de ses rêves qu'on a fait de A à Z. Il te demande ensuite si tu veux vider ton sac, tu souris en entendant la fin de sa phrase. "Allez. Ça ne peut pas faire de mal d'extérioriser tout ça. Je te préviens, c'est loin d'être passionnant.", tu lâches, avant de continuer : "La journée a commencé par un vomi. Ma fille a découvert qu'elle avait une glotte. Après avoir nettoyé ma fille et la pièce, je l'ai emmené chez la nounou et j'ai foncé au travail. Là-bas, j'ai appris que les fournisseurs avaient du retard et qu'on avait pas reçu la moitié des pièces qu'on a dévoilé hier sur le site et bien sûr, c'est la moitié qui plait le plus. On a dû annuler des commandes en livraison express parce que c'était pas possible, pondre un mail d'excuses avec un code promo qui va me ruiner." et ça, c'est presque la partie fun. "Mon associé m'a pris la tête pendant deux heures cet aprem parce que le business model, qu'on a déjà revu hier ne lui convient plus. Donc on retourne à la case départ, et j'ai juste envie de lui arracher les yeux et de les lui enfoncer au plus profond de son cul." putain que ça fait du bien de jurer. Certes, ça fait tâche avec le personnage, mais ça te défoule et c'est l'important. "Et puis bien sûr, y'a toute cette pression financière qui pèse sur la société. On répond parfaitement au modèle start-up, on a une trésorerie qui ne passera pas l'hiver. Mais c'est pas en changeant de business model tous les jours qu'on va s'en sortir non plus, à un moment faut tester le business model et voir si ça fonctionne." tu râles, mais qu'est-ce que ça fait du bien. "Et enfin, pour couronner le tout, j'ai levé des fonds très récemment, et j'ai déjà bouffé la moitié de ma levée. Et bien sûr, j'ai pas fait ce qu'on attendait de moi avec cet argent. Ça part trop vite pour penser à créer de nouveaux postes, en fait. On le voulait vraiment mais bon..." mais tu sais que c'est pas bon pour ton image, et que les investisseurs ne vont pas être super contents d'apprendre la nouvelle. "Et puis, bon, tu ne dois pas savoir ce que c'est parce que t'es un homme et que t'es plus vieux que moi... mais tu te doutes qu'avec mon statut de mère célibataire, mes 21 ans et ma schnek, c'est pas simple d'obtenir de l'argent et de me faire prendre au sérieux." c'est d'ailleurs ton principal problème. Rare sont les personnes qui te prennent au sérieux avec ta tête d'ange et ta situation familiale compliquée. Personne ne croyait d'ailleurs en ton succès, mis à part tes parents qui ont toujours été très compréhensifs, aimants et coopératifs (c'est eux qui paient ton loyer, toujours). Tu finis par souffler, marquant la fin de ton récit. "Je crois que c'est tout ce qui me prend la tête aujourd'hui. Mais je crois que j'en tiens une couche quand même, tu crois pas ?"

Belle et toi, vous avez ce point en commun d'être passionnés par votre boulot. T'aimes ça chez elle, tu vois que ce qu'elle fait la fait vibrer et y a rien de plus intéressant qu'une conversation avec quelqu'un de passionné qui fait quelque chose de constructif de ces journées. Tu sais que c'est pas une nana ennuyeuse. Et puis elle a l'air plutôt sincèrement intéressée par ce que tu peux lui raconter.
- Hm, tu me donnes envie de voir ça là ! C'est prévu pour quand l'ouverture ? Je ne sais pas s'ils ont déjà une date prévue ? demande-t-elle,
- D'ici un an si tout est réalisé dans les temps, tu réponds, et ça te paraît être un délai raisonnable.
- J'espère que j'aurai une invitation pour venir voir ça lorsque le projet aboutira. Que je puisse enfin mesurer l'étendu de tes talents, lance-t-elle avec un clin d'oeil, et ça te fait sourire.
- Bien sûr, mais bon, je suis pas sûr que tu t'en remettes, tu sais quand on prend tellement de génie dans les yeux... Y en a qui en sont morts.... tu railles avant de boire une gorgée de ta bière. T'as le chic pour pas te prendre au sérieux, t'as jamais été certain d'être un génie, pas même vraiment bon dans ce que tu fais, mais en tout cas tu le fais à fond et pour toi c'est ça qui compte. T'y mets tes tripes. T'as pas l'impression de te sacrifier ni de passer beaucoup de trop de temps à travailler, de toute façon tu n'as personne pour te le reprocher, t'arrives pas à garder une copine. Peut-être pour ça, d'ailleurs ? Mais bon, tu te sens trop jeune pour t'engager, t'as pas encore trouver la fille qui te donnera envie de passer moins de temps sur les chantiers ou dans ton bureau, mais peut-être que ça viendra et qu'un jour t'auras envie de construire autre chose que des apparts, des maisons, ou de réhabiliter de vieux entrepôts. En tout cas pour l'instant, c'est pas ton souci premier, et t'as pas tes parents sur le dos pour te demander quand tu comptes te marier puisque tes parents ils ont jamais été satisfaits des choix que tu faisais.
Finalement tu lui parles de ton appart, c'est ton projet à toi, tu le rénoves et tu le décores à ta façon, tu casses des murs et t'en remets, tu crées des passages de lumière, tu lui donnes une nouvelle vie, t'en rêve la nuit, de ce que tu vas faire, des fois tu te réveilles le matin avec une idée que tu grattes direct sur le papier pour pas l'oublier.
- Je comprends, et puis c'est un appartement à ton image. C'est une trace plus personnelle que tu laisses dans ce monde ! C'est bien que tu aies aussi ton propre projet. Je trouve ça très important. Même si tes autres projets ont du sens, celui-ci résonne plus particulièrement j'imagine.
Tu hoches la tête, elle a totalement compris ce qui t'anime, t'as rien à ajouter de plus, alors tu te permets de la questionner elle sur sa journée, tu lui offres la possibilité de vider son sac, et elle la prend. T'es certain qu'elle sera bien plus détendue après et qu'elle pourra être 100% avec toi une fois qu'elle se sera délestée des ondes négatives qui l'ont hanté aujourd'hui. Tu l'écoutes. Tu ponctues son récit de sourire, de sourcils haussés et de légers rires lorsqu'elle lâche des vulgarités. Elle finit par quelque chose qui t'interpelle. Son statut de femme, jeune, et mère célibataire, difficile pour être d'être pris au sérieux, tu arques un sourcil un peu surpris, t'avais pas l'impression qu'elle était le genre à se laisser avoir par la pression sociale, au contraire, t'avais bien le sentiment qu'elle était au dessus de tout ça, mais c'est peut-être son jeune âge qui la fait flancher un peu et croire qu'elle n'est pas capable d'obtenir ce qu'elle veut. Elle termine :
- Je crois que c'est tout ce qui me prend la tête aujourd'hui. Mais je crois que j'en tiens une couche quand même, tu crois pas ?
- T'as vraiment le sentiment qu'être une femme, jeune, et célibataire est un frein ? tu lui demandes, sincèrement, c'est une vraie question que toi en tant que mâle blanc t'as pas vraiment eu à te poser, même si tu côtoies des féministes et que t'es plutôt pour l'égalité des sexes.
- J'sais pas, à part ton âge qui peut être un frein à cause du manque d'expérience, j'aurais plutôt pensé que ce serait une force pour toi, d'être une nana déterminée, et mère. Tu sais gérer ta vie perso et ta vie pro, t'es à l'écoute, patiente, t'essayes de faire ce qu'il faut pour que tout fonctionne, t'es loin de penser qu'à ta gueule ou à te faire du fric, tu commences à peine et tu veux embaucher, ta société rend service à des centaines de femmes comme toi qui ont envie de rester au top même si elles vont avoir un bébé. Au contraire, je trouve que t'as pas mal d'arguments en ta faveur ? Après il est possible que les types en face de toi soit des énormes cons et ne les voient pas, mais ça c'est une autre question. Je crois que toi dans ton cas, tu fais tout ce qu'il faut pour être prise au sérieux, seulement tu croiseras toujours des gros connards qui se pensent mieux que tout le monde. Il n'en tient qu'à toi de leur prouver qu'ils ont tort.
Tu coupes ta tirade par une longue gorgée de bière avant de reprendre:
- Après je dis ça, mais j'en sais rien de ce que c'est que d'être une nana... Mais j'adorerais. Je me toucherais les nénés tout le temps.
Tu lui décroches un sourire, c'est à ce moment là que le leader du groupe de funk prend la parole pour se présenter, et les premières notes de musique commencent à résonner. Le premier rang se bouge déjà, un groupe de filles hystériques (probablement des amies du groupe) se mettent déjà à danser comme des délurées. Tu retournes ton attention vers Belle.
- J'vais te raconter un truc, tu connais Thelma, ma soeur, c'est le bijou de nos parents. Je me suis barré de la maison quand j'avais 18 ans, elle était encore gamine, mais nos parents me foutaient une pression de dingue, ils voulaient que je fasse médecine, ou du droit, enfin un truc de ce genre, qui faisait bien auprès des copains, quoi... Déjà quand j'étais plus jeune, que j'avais 14-15 ans, j'étais pas très studieux, je passais plus de temps dehors avec mes potes ou bien dans les parcs à gribouiller, je savais ce que je voulais faire mais j'étais torturé par le fait que j'allais peut-être JAMAIS pouvoir le faire car mes parents me l'autoriseraient pas. J'ai 27 ans aujourd'hui, et si je regrette de plus avoir le lien que j'avais avant avec ma soeur, je me remercierais jamais assez d'avoir eu les couilles de dire à mes parents d'aller se faire foutre, car aujourd'hui je suis aussi heureux que je pourrais l'être alors que si j'avais fait ce qu'ils voulaient, je traînerai des kilos de regrets derrière moi. Tout ça pour dire que quand t'as le courage de faire ce que tu ressens, tu dois en vouloir à personne et juste faire le nécessaire pour continuer d'être 100% en accord avec toi-même. Et je trouve que tu t'en sors assez bien à ton âge, avec ta schnek.
Les mots sages d'un vieux con presque trentenaire !

@Belle Lyon